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Christian Bourquin: une vie dédiée à la politique

HOMMAGE. Travailleur acharné, fervent défenseur de la culture catalane… Christian Bourquin a marqué le monde politique depuis le début de sa carrière à la mairie de Montpellier en 1977, jusqu’à son accession à la présidence de l’hôtel de région en 2010.

(Un dossier plus long peut-être consulté sur ce lien ;) )

L’accent de sa voix était chantant, mais le ton était beaucoup plus dur, sans nuances. En ce début du mois de juin 2014, Christian Bourquin ne mâche pas ses mots. Devant les caméras d’une télévision locale, il livre sa dernière bataille politique : la fusion des régions. « On ne donne pas de sens à cette découpe », déclare-t-il fermement. Pendant plusieurs mois, il s’acharnera et restera l’un des plus ardents opposants à la nouvelle carte des régions, qui prévoit une fusion entre le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Sa carrière politique, Christian Bourquin l’a choisie dès son plus jeune âge. Originaire de Saint-Féliu-d’Amont, ce catalan est issu d’une famille d’agriculteurs. Il passe sa jeunesse dans le canton de Millas et participe aux travaux agricoles en compagnie de ses frères. Mais très vite, le jeune socialiste se voit faire partie du monde politique. Il commence des études à Montpellier et devient jeune ingénieur en topographie. L’été, il revient dans son village d’origine, participe aux vendanges. En 1977, il obtient son diplôme et se fait repérer par Georges Frêche, alors maire de Montpellier. À tout juste 23 ans, Christian Bourquin fait ses premiers pas en politique, passe des soirées à décoller les affiches des adversaires dans les rues, à en coller d’autres à l’effigie de son parti, il participe à l’aménagement du stade de la mosson… Le jeune politique se façonne sous la protection de Georges Frêche, son maître spirituel. En 1995, il succède à son ex beau-père François Beffara et devient maire de Millas, son fief. Son ascension politique continue en 1997, lorsqu’il devient député. Lâché dans la jungle du monde politique, il avait déjà une idée claire de la politique et de ses ambitions. C’est à ce même moment qu’il déclarait devant les caméras de France 3 « Je me régale, c’est passionnant. Il y a d’abord le dossier politique et le côté technique. Mais il y a surtout la présence sur le terrain et la connaissance des individus ». Puis, avec humour, il avait ajouté : « dites-moi si un jour je suis notable, mettez-moi un conflit aux fesses ».

« L’accent catalan de la République française »

« C’était un passionné, avec lui tout était possible », affirme Michel Moly, ancien maire de Collioure et ami intime du catalan. Il était à ses côtés en 1998, lorsque Christian Bourquin remporte le Conseil Général. « Je me souviens très bien : nous avons sillonné le département avec seulement trois cartes postales en main pour transmettre nos convictions. Forcément à ce moment, nous sommes devenus amis », se rappelle-t-il. La présidence du Conseil Général des Pyrénées-Orientales marque un tournant dans sa carrière politique. Une première victoire qui le hisse parmi les leaders socialistes. Jamais très loin de son fief natal, Christian Bourquin est présent aux grands rendez-vous politiques autant qu’aux fêtes populaires. Chaque année, il retrouve ses amis d’enfance à la feria de Millas et chante quelques refrains en catalan. Homme à deux visages, il passe des heures en montagne au sommet du Canigou, pratique la randonnée, adore sa région qu’il aime surnommer « l’accent catalan de la République française ». De retour dans l’arène politique, l’autre personnalité surgit. Christian Bourquin est acharné, travaille sans relâche, lance les débats sans aucune place à la demi-mesure. L’homme politique est aussi féroce que son accent est chantant. « J’ai eu beaucoup de mal à bâtir un partenariat avec lui », regrette Jean-Paul Alduy. Lorsque Christian Bourquin accède au Conseil Général, Jean-Paul Alduy est alors maire de Perpignan et président du Conseil d’Agglomération. Entre le catalan et l’ancien architecte, c’est le choc des comportements. Pendant presque 20 ans, la relation des deux politiques va connaître des hauts et des bas. « Je débarquais dans le département et je n’étais pas habitué à un discours si féroce. Nous étions dans une attitude totalement différente », explique Jean-Paul Alduy avant de poursuivre : « il ne concevait pas sa vie en dehors de la politique ». Les deux hommes n’ont par exemple jamais réussi à régler leurs désaccords face au dossier des transports en commun, ni se mettre d’accord sur la « catalanité ». Jean-Paul Alduy, prolongeant ses racines jusqu’à Barcelone, Christian Bourquin souhaitant placer Montpellier au coeur de la région. En 2010, il fera partie des 31 élus de la région exclus du Parti socialiste, après avoir soutenu la candidature de Georges Frêche aux élections régionales. Mais ce sera lui qui succédera à son mentor à la présidence de la région. Ses adversaires politiques diront de lui qu’il était « sectaire », « cinglant », taillé dans la même pierre que Georges Frêche. Il débattait avec force et ne laissait rien passer. Féroce pour certains, militant passionné pour d’autres, le premier ministre Manuel Valls le résumera en un mot : « il était intransigeant ».

Bio express

1954 : naissance à Saint-Féliu-d’Amont

1977 : obtention de son diplôme d’ingénieur topographe. Il se fait embaucher la même année à la mairie de Montpellier

1995-2001 : maire de Millas

1997-2002 : député des Pyrénées-Orientales

1998-2010 : président du Conseil Général des Pyrénées- Orientales

2010-2014 : président de la région Languedoc-Roussillon

2011-2014 : sénateur des Pyrénées-Orientales

Marie Demeulenaere


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